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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/306

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3o2 OEUVllES

leur maître : ils respectaient en lui ce qu'ils se se- raient crus coupables d'imiter : semblables à cer- tains payens que la pureté de leurs mœurs n'em- pêchait pas d'adorer un Jupiter séducteur et adultère, w

Si quelque chose pouvait paraître plus étrange que ce trait de faiblesse du régent , ce serait l'in- concevable aveu que fait de la sienne Philippe v , dans une lettre écrite à sa nouvelle épouse , la princesse de Parme. Il envoyait au-devant d'elle la princesse des Ursins. Il était réglé secrètement entre les deux époux , que la reine , à la première entrevue , cherchant querelle à madame des Ursins , la chasserait sur-le-chaiip de sa présence. « Mais , ajoutait le roi, ne manquez point votre coup d'abord , car , si elle vous voit seulement deux heures , elle vous enchaînera , et nous empê- chera de coucher ensemble , comme avec la feue reine, »

La faiblesse de ces deux princes ( le duc d'Or- léans et le roi d'Espagne ) , si proches parens , mars d'un caractère si opposé , fut la vraie cause de tant d'événemens bizarres , on France et en Espagne, soitrdans l'intérieur des deux royaumes ? soit dans les combinaisons de la politique exté- rieure. Ce fut cette faiblesse qui enhardit et poussa presque aux derniers excès l'imprudence des cardinaux Dubois et Alberoni. Il serait curieux , mais il serait trop long de conter les occasions où chacun d'eux trompa sou maître , comme on

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