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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/389

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DE CHAMFORT. 385

Piestent Cardan et Rousseau ; dans ceux-ci , le sacrifice paraît complet , en ce qu'ils avouent des fautes avilissantes, et des actions qui sem- blent dégrader entièrement le caractère , sans laisser à l'amour-propre le plus petit dédomma- gement. A cet égard, ils peuvent passer pour des phénomènes; Cardan surtout, qui va même plus loin que Rousseau, et qui se montre abject com- me pour le plaisir de l'être. Son livre excita la plus grande surprise dans l'Europe; mais tout se passait entre des savans et des littérateurs : cette bizarrerie fiit bientôt oubliée.

Il n'en sera point ainsi de J.-J. Rousseau; son génie, ses succès, son nom, le nom de ceux dont il fait la confession en même temps que la sienne, le rapport de cet écrit à ses ouvrages les plus ce - lèbres, l'influence des événemens de sa vie sur son caractère, de son caractère sur son talent, les résultats de morale et d'instruction que pré- sentent ces rapprochemens , toutes ces causes assurent aux Confessions de Jean-Jacques , sinon le même degré d'estime , au moins la même durée qu'à ses meilleures écrits. C'est le sentiment con- fus de cette vérité qui sembla redoubler, après sa mort , la haine de ses ennemis , lorsqu'ils appri- rent que J.-J. Rousseau avait en effet composé les Mémoires de sa vie. La mort prématurée des dé- positaires successifs de son manuscrit le rendit public avant l'époque désignée par Rousseau; et ses ennemis subirent, de leur vivant, la punition

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