Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/403

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tourbe si superficielle , qu'on appelait le grand monde , on n'ait répété mille fois que Thomas était le faiseur de IM. Necker , et que les écono- mistes qui entouraient Torgot, étaient les rédac- teurs de ses édits. Ces propos de l'ignorance ou de l'envie étaient fondés principalement sur l'o- pinion reçue , qu'un homme en place ne faisait rien par lui-même. On oubliait que MM. Nec- ker et Turbot étaient hommes de lettres dans toute l'étendue de ce terme; et les hommes à portée de voir et de juger ne pouvaient s'em- pêcher de rire , quand ils entendaient affirmer , avec un grand sérieux , q'.ie Thomas fuisaic les oiwages de IM. Necker, quoiqu'il n'y eût pas le moindre rapport entre le style et la manière de ces deux écrivains. Ces mêmes hommes qui sa- vaient que l'abbé de Boismont avait fait le préam- bule fameux du fameux lit de justice de i^GS , savaient aussi que si le chancelier Maupeou était hors d'état de rien écrire qui approchât de ce préambule , aucun des économistes, amis de ïur- got , n'écrivait aussi bien que lui , mais cela n'em- pêche pas que tous ces ridicules ouï-dire ne se répètent dans des recueils d'anecdotes reproduits sous toutes les formes, commandés à tant la feuille par des libraires avides , composés par (\e pauvres diables qui n'ont jamais rien vu, et reçus comme parole d'évangile par des sots qui croient y enten- dre finesse.

Il n'est pas à craindre du moins que l'on con-

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