Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/405

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DE CHAMiORT. 4^ f

et de la sagesse, après trente ans de retraite qui supposent de longues réflexions, près d'un jeune roi dont il avait toute la confiance , il n'apporta pas dans l'administration une seule idée qui pût faire voir qu'il avait tiré quelque profit de ses années , de son expérience et de sa retraite. Il re- venait cependant avec des présages avantageux. 11 avait été renvoyé en i 749, pour avoir choqué une favorite, et cela seul était un titre de popularité ; il passait pour aimer les lettres, et c'était à lui que les philosophes avient dédié \ Encyclopédie. Ennemi des persécutions religieuses qu'exerçait le cardinal de Fleury avec im grand air de béni- gnité ; assez favorable à la liberté d'écrire et de penser, autant du moins qu'un ministre pouvait l'être sous Louis xv , on pouvait présumer que, sous un nouveau règne qui annonçait toute sorte d'encouragemens et de réformes, il serait jaloux d'y contribuer autant que lui permettait la place éminente qu'il occupait. Mais dès qu'il y fut, il parut également au-dessous et de ce qu'il pouvait par cette place, et de ce qu'on avait espéré de son retour. Il n'affecta que la supériorité d'un vieux courtisan dans l'art de se maintenir , et la facilité de mettre sa vieillesse au ton d'une jeune cour, de lui tracer même des leçons d'insouciance et de fri- volité , et de dire le premier bon mot du quart- d'heure sur chaque événement du jour. Ce qui se fit de bien dans quelques parties , il le laissa faire sans y prendri* ])ait, et fit congédier les mii'i'-.tres

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