Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/444

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

un foyer de révolte , d’irréligion , d'indépendance ( car c’est ainsi qu’on appelait alors tout ce qui tendait à combattre le fanatisme et la tyrannie ) ; qu’on employa souvent contre elle l’arme empoisonnée de la délation secrète ; et s’il faut aujourd’hui citer des faits que je croyais trop connus pour les rappeler , je dirai que le maréchal de Richelieu et l’avocat-général Séguier la diffamaient habituellement , l’un à la cour , l’autre au parlement ; qu’ils empêchèrent l’impression du discours de Thomas , en réponse à celui de l’archevêque de Toulouse ; qu’ils firent annuler par Louis xv l’élection du traducteur des Géorgiques ; qu’ils firent supprimer par arrêt du conseil l'éloge de Fénélon^ qu’enfin l’animosité alla si loin, que le chancelier Maupeou annonça le projet de dissoudre l’académie. Voilà une petite partie des faits que je pourrais citer sur ce période très-remarquable dans l’histoire littéraire : je défie quiconque lit ou écrit d’en nier un seul. On peut penser aujourd’hui de l’académie ce qu’on voudra, et en faire ce qu’on jugera à propos ; mais il ne faut pas la calomnier :’ il faut rendre justice et à ce qu’elle a fait et à ce quelle a souffert; et quand M. Soulavie , qui s’annonce comme très-savant en littérature, puisqu’il en veut faire l’histoire, ne dit pas un seul mot de tous ces faits si constatés, quand il se tait absolument sur un état de choses qui a duré jusqu’à la mort de Louis xv , j’ai le droit de lui dire que, s’il n’est pas instruit