Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/452

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

448 OEUVRES

ridicule qu'une commission iV espioji donnée à un homme du caractère et de la réputation de Vol- taire. On voit bien ici l'intention de rabaisser extrêmement l'espèce de négociation dont il fut chargé ; elle n'était pourtant pas si méprisable, et surtout le plan était fort bien adapté à ces deux hommes extraordinaires. Il s'agissait, en 174^, de savoir si le roi de Prusse , qui s'était accom- modé avec Marie-Thérèse moyennant la cession de la Silésie, et avait abandonné la France, se- rait disposé à renouer de nouveau avec cette puis- sance, comme les circonstances et ses intérêts pouvaient l'y engager. La reine de Hongrie avait repris le dessus ; la Hollande , l'Angleterre , la Savoie s'étaient jointes à elle ; nous avions été battus à Ettinghen, et Frédéric ne pouvait pas trop compter sur cette cession forcée de la Silésie, à moins que l'Autriche ne se trouvât absolument liors d'état de la réclamer par les armes. C'est dans ces conjonctures qu'on iniagina que Voltaire faisant un voyage à Berlin, sans aucun caractère public, et comme pour aller voir un roi qui le traitait comme son ami, pouvait, dans l'espèce de f^miiliarité habituelle entre eux, et d^ns la liber- té d'un commerce intime qui ne ressemblait en rien aux défiances réciproques inséparables de toute négociation, tirer du roi de Prusse quel- ques-unes de ces paroles toujours décisives de la part d'un homme tel que Fivtiéric , qui ne disait que ce qu'il voulait dire. C'est précisément ce

�� �