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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/60

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56 OKUVRES

réunis en nation, et de ne point habiter la ville âe Jérusalem. Ensuite il se livre à Tiridignation qu'excite un pareil raisonnement. Pour nous, il nous suffira d'observer les diverses formes qu'à différentes époques le fanatisme donne à ses an- ciens argumfens. Un siècle plutôt, il eût dit que c'était un devoir sacré, le plus sacré de tous , de servir la vengeance divine déclarée contre les Juifs. Aujourd hui, on ne peut plus donner à ce bel argu- ment tous les développemens dont il est suscepti- ble; nous sommes dans un temps fâcheux, où, parmi les suppôts du fanatisme, les plus habiles avertissent les autres, et disent ; « Nous avons re- noncé à tel argument , nous ne disons plus cela. » Que faire? on ne peut plus se servir de Dieu pour faire le mal , on essaie seulement de s'en servir pour empêcher le bien. Il n'est plus question d'ai- der Dieu, il suffit de ne point le contrarier, et de le laisser faire. C'est un progrès marqué ; (^ncore un pas , et le nom sacré de Dieu ne sera plus em- ployé qu'à faire du bien aux hommes. C'est alors fju il n'y aura plus d'athées sur la terre. C'est le ni:il, fait au nom de l'être suprême, qui fut dans tous les temps la source la plus féconde de l'a- théisme et de l'irréligion.

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