Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/82

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lioçfabalé. Il sembla regarder la décence dans les plaisirs comme une portion de cette hypocrisie qu'il avait tant détestée dans la cour du feu roi. LoLiis XIV avait paru respecter son propre despo- tisme , dans les ménagemens qu'il avait pour ses ministres , même pour leurs fautes et leurs er- reurs , qu'il essaya de voiler plus d'une fois. Le régent se joua du mépris qu'il avait pour les siens, et semblait les maintenir en place , pour jouir de plus près et plus long-temps de leurs ridicules , qu'il exposait plaisamment à la risée publique. En couvrant de toutes les dignités de l'église et de l'état Dubois , le plus vil des hommes , il sapait à la fois les fondemens du double respect qui avait environné le trône de Louis xiv ; il faisait parve- hir jusqu'aux dernières classes de la société , le profond mépris que méritent trop souvent les organes de la religion et les dépositaires de l'au- torité : mépris qui , passant de la personne à la place, remonte avec le temps jusqu'à la source même de cette autorité. C'est ainsi que le despo- tisme prépare de loin sa ruine par folie , par dé- soeuvrement , par gaîté , et se détruit lui-même pour se désennuyer , se divertir, tuer le temps.

On ne peut , au reste , considérer toutes les grandes et aimables qualités de ce prince , sans gémir de l'inconcevable fatalité qui lesoumitpour jamais à l'ascendant de ce vil abbé Dubois : on disait de son temps qu'il en avait été ensorcelé. Ce fut un terrible maléfice que celui qui priva la

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