Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/91

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DE CHAMFORT. Sj

C/est dans cette société que le jeune duc de Richelieu passait sa vie , enlevant au régent quelques-unes de ses maîtresses , soit femmes de théâtre , soit femmes de sa cour : cela était à peu près L~al , car elles vivaient ensemble; et la phis honnête de toutes était une actrice , nommée Emilie, qui, ayant demandé quinze mille francs au prince , pour acheter une maison de campagne , refusa Is double de cette somme envoyé par le prince; tandis que madame de Parabère partageait avec Noce la dépouille des gens de finance , in- quiétés par la chambre ardente. A tous ces plaisirs se mêlaient, comme de raison , quelques duels de temps en temps. Une tracasserie de société en occasionna un entre le comte de Gacé et le duc de Richelieu : celui-ci fut dangereusement blessé, et de plus conduit à la Bastille. Pendant sa détention, on instruisit son procès ; mais, comme il conve- nait à deux maisons considérables que le duel ne fût pas prouvé , il ne le fut pas , et le duc de Riche- lieu sortit de la Bastille.

Sa convalescence y avait été longue, quoique l'amour vînt le consoler , ou plutôt parce que l'amour venait le consoler. Madame de Charolois , accompagnée de la princesse de Conti , ayant gagné ses geôliers à prix d'argent , lui rendait fréquemment des visites nocturnes. C'était le sort du duc de Richelieu, d'être visité à la Bastille par des princesses. Il y fut remis , quelques an- nées après , pour être entré dans la conspiration

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