Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/99

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DE CHAMFORT. (p

était fort maltraité par le public , et elle pot s'en apercevoir par les réponses franches et naïves de mademoiselle de Vermandois. Cette franchise lui coûta le trône; la marquise sortit ftirieuse , en laissant entendre ces mots : Va, tu ne seras jamais reine de France. C'est en effet ce qui arriva. Yoilà donc une princesse, pleine de vertus et d'agrémens, victime d'une intrigue subalterne et du ressentiment d'une femme perdue. Tout n'était pas agrément pour les princes dans cet ordre de choses, dont la ruine excite des regrets si doidou- reux, La marquise continua de braver l'indigna- tion publique, de lire avec dédain les chansons faites contre elle , en disant : Voilà comme sont les Français quand ils sont trop bien; de jeter au feu les remontrances du parlement de Rennes et de celui de Toulouse , sous prétexte qu'elles étaient de mauvais ton, et qu'elles sentaient la province : mot plaisant que le duc de Richelieu a dû conserver.

Le fruit de toute cette conduite fut défaire ren- voyer M. le duc , qui soutint sa disgrâce avec di- gnité, et qui , séparé de madame de Prie, parut dans sa retraite rendu à sa bonté naturelle , aussi estimé comme homme qu'il avait été blâmé comme ministre.

Ce ne fiit pas de lui sûrement que vint l'idée du projet qui s'exécuta sous son ministère. On donna un compte rendu où l'on supposait un déficit qui n'existait pas , et qu'on imaginait pour

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