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leur répondît, ou do faire rester ceux qui de- vraient répondre.
Une des plus grandes perfections du dialogue, c'est la vivacité ; et comme, dans la tragédie, tout doit être action, la vivacité y est d'autant plus nécessaire. Il n'est pas naturel qu'au milieu d'in- térêts violens qui agitent tous les personnages , ils se donnent , pour ainsi dire, le loisir de se ha- ranguer réciproquement. Ce doit être entre eux un combat de sentimens qui se choquent, qui se repoussent, ou qui triomphent les uns des au- tres; c'est surtout dans cette partie que Cor- neille est supérieur. Voyez la belle scène du Cid , où Rodrigue ^ient demander la mort à son amante :
N't'pargncz point mon sang ; goûtez sans résistance La douceur de ma perte et de votre vengeance.
OHIMKKE.
Hélas !
EODRICUH.
Écoule -moi.
CIIIMÈNE.
Je me meurs. RonniGup..
Un moment.
CHIiWK^F.
- Va, laisse-moi mourir.
nODRIGUF.
Quatre mots seulement ; Après, ne me rc'ponds cju'avecque cette éprc.
CHIMKNE.
Quoi! du sang do mon père, eucor toute tremj'ée !
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