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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/132

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10. l\ OEDVRKS

les seuls qui sussent que l'empereur devait donner une audience secrète à Félix. Voilà un nœiîd qui met Honorius, Stilicon et Euchérius dans une si- tuation très-embarrassante ; et il est très-difficile d'imaginer comment ils en sortiront.

Tout ce qui serre le nœud davantage , tout ce qui le rend plus mal-aisé à dénouer , ne peut manquer de faire un bel effet. Il faudrait même , s'il se pouvait , faire craindre au spectateur que le nœud ne se put pas dénouer heureusement.

La curiosité une fois excitée n'aime pas à lan- guir ; il faut lui promettre sans cesse de la satis- faire, et la conduire cependant , sans la contenter, jusqu'au terme que l'on s'est proposé ; il faut ap- procher le spectateur de la conclusion , et tou- jours la lui cacher ; il faut qu'il ne sache où il va, s'il est possible , mais qu'il voie qu'il avance. Le sujet doit marcher avec vitesse ; une scène qui n'est point un nouveau pas vers la fin , est vicieuse.

Tout est action sur le théâtre; et les plus beaux discours même y seraient insupportables, s'ils n'étaient que des discours.

La longue délibération d'Auguste, qui remplit le second acte de Ciiina^ toute divine qu'elle est, serait la plus mauvaise chose du monde , si , à la fin du premier acte, on n'était pas demeuré dans l'inquiétude de ce que veut Auguste aux chefs de la conjuration qu'il a demandés; si ce n'était pas une extrême siu-prise de le voir délibérer de sa plus importante affaire avec deux hommes qui

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