Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/166

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l58 OEUVRES

Ali ! qu'il eût mieux valu, plus sage et plus heureux, Et repoussaut les traits d'un amour dangereux , Ne pas laisser remplir d'ardeurs empoisonnées Un cœur dé]h glace par le froid des années ?

On était fâché de voir que Mithri date vaincu, méditant un grand dessein , se livrât à l'amour et à la jalousie. Après ces vers , il est presque aussi grand que s'il n'avait point eu de faiblesse.

Un auteur doit avoir grand soin de ne rien mêler , dans le caractère d'un personnage , qui puisse repousser ou affaiblir l'intérêt qu'il a des- sein d'y répandre. Cette faute n'est pas sans exemple , et l'on y tombe d<^ trois manières :

10 En rappelant des actioiis passées qui flétris- sent le personnage ;

•2" En lui faisant faire oîi penser, dans le cours même dt^ la pièce , quelque chose qui l'avilit ;

3° En faisant prévoir qu'il doit démentir dans la suite, ce ([u'il a actuellenient d'estimable. C'est peut-être le défaut qLi'on peut reprocher à À tha- lle. Le spectateur , pendant toute la pièce , s'inté- resse à Joas: après le couronnement de ce prince, Joas embrasse Zacharie , (ils du grand-prétre son bienfaiteur, qui s'écrie:

Fnfans , ainsi toujours puissiez-vous être unis !

. Ce souhait, (|ui rappelé au spectateiu- (pie Joas sera un jour souillé i\\\ sang de Zacliarie , affaiblit l'intérêt que Ton a pris à ce jeune prince.

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