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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/204

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T96 OEUVRES

Or voici , à cet égard , deux principes incon- testables : le premier est de ne donner au per- sonnage intéressant , cjue des crimes et des pas- sions qui peuvent se concilier avec la bonté naturelle ; le second, de lui donner poin- victime des maux qu'il cause, ou pour cause des maux qu'il éprouve, une personne qui lui soit chère, afin que son crime lui soit plus odieux, ou son malheur plus sensible.

C'est ainsi , pour en donner un exemple , que Phèdre n'est ni tout-à-fait coupable , ni tout-à-fait innocente. Elle est engagée par sa destinée et par la colère des dieux , dans une passion illégitime , dont elle a horreur la première ; elle fait tous ses efforts pour la surmonter; elle aime mieux se laisser mourir que de la déclarer à personne ; et lorsqu'elle est forcée de la découvrir, elle en parle avec une confusion qui fait qu'on la plaint : mais cette mènje passion devient la cause du vœu fatal que fait Thésée contre son iils innocent et qu'il croit coupable , et dont il devient la victime ; voilà la personne chèi-e dont Phèdre cause la mort , et c'est ce qui met le comble à sa douleur et à son désespoir.

��HORREUR.

��L'mTÉR^-T de la crainte et de la pitié doit être l'âme de la tragédie : on y a trop souvent substi- ttié riiorreur.

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