DE CHAMFORT. Q.O'J
tères ne se développent que par leurs mélanges.
Les prétentions déplacées et les faux airs font l'objet principal du comique bourgeois ; les pro- grès de la politesse et du luxe l'ont approché du comique noble , mais ne les ont point confondus. La vanité , qui a pris dans la bourgeoisie un ton plus haut qu'autrefois , traite de grossier tout ce qui n'a pas l'air du beau monde : c'est peut-être cette disposition des esprits qui a fait tomber en France la vraie comédie.
En effet , l'esprit et les manières de la bour- geoisie sont ce qu'il y a de plus favorable au comique ; le ridicule , dans cette classe d'hommes, se montre bien plus facilement, et n'en est que plus théâtral ; le comique ne consiste pas en des nuances qui ne sont aperçues que des connais- seurs. Souvent il échappe aux gens du peuple des aveux naïfs dont l'effet est toujours sur au théâtre : c'est le secret de Molière dans presque toutes ses pièces de comique bourgeois. Voyez ( nous le répétons ) dans le B ourgeois- Gentil- homme ^ la scène du tailleur.
M. JOURDAIN , regardant son habit. Qu'est-ce que c'est que ceci? vous avez mis les fleurs en en-bas.
iS TAILLEUR.
Vous ne m'aviez pas dit que vous les vouliez en en-haut.
M. JOUF>DA.I-V.
Est-ce qu'il faut dire cela?
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