I f\ OEUVRES
des cliangemens de fortune , des reconnaissances, des intrigues ; et tout cela suppose une ou plu- sieurs actions. Homère , guidé par la raison , n'en a choisi qu'une seule , qu'il a conduite jusqu'à vingt-quatre chants fort étendus. La raison veut donc beaucoup plus encore qu'on n'en traite qu'une dans un spectacle de peu d'heures : l'ordre et la proportion des parties leur ont paru le point le plus essentiel de Y Iliade , et conséquemment de la tragédie.
En effet, puisque le poème épique fait un corps accompli avec ses justes dimensions, et que par là il est conforme à la nature, il a fallu faire cou- ler cet ordre et cet heureux arrangement dans le spectacle tragique, pour le rendre agréable. Il a fallu, pour cela, déterminer sa véritable durée, mais d'une manière plus précise que n'a fait Ho- mère dans son Iliade et dans son Odyssée, car un poème qu'on doit lire peut prolonger ou rac- courcir la durée de son action un peu plus ou un peu moins, sans autre règle, sinon que l'étendue n'en doit pas être ou trop considérable ou trop petite.
Xn poème épique est un édifice dont on doit voir les dimensions d'un coup-d'œil , après l'avoir examiné par parties et en détail. Que l'édifice soit plus ou moins grand , pourvu qu'il soit bien pro- portionné cX ([u'il ne passe pas la portée de l'œil, il n'importe. Voilà la règle de la nature, telle qu'Homère la choisie, ainsi que je l'ai déjà insi-
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