Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/237

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DE CHAMFORT. aiC)

Il faut, à la vérité, qu'il se soumette en tout au musicien ; il ne peut prétendre qu'au second rôle ; mais il lui reste d'assez beaux moyens, pour partager la gloire de son compagnon. Le choix et la disposition du sujet , l'ordonnance et la mar- che de tout le drame , sont l'ouvrage du poète. Le sujet doit être rempli d'intérêt, et disposé de la manière la plus simple et la plus intéressante. Tout y doit être en action, et viser aux grands effets.

Jamais le poète ne doit craindre de donner à son musicien une tâche trop forte. Comme la ra- pidité est un caractère inséparable de la musique, et une des principales causes de ses prodigieux ef- fets, la marche du poème lyrique doit être tou- jours rapide. Les discours longs et oisifs ne seraient nulle part plus déplacés. Il doit se hâter vers son dénoûment, en se développant de ses propres forces, sans embarras et sans intermittence.

Cette simplicité et cette i-apidité nécessaires à la marche et au développement du poème lyrique , sont aussi indispensables au style du poète. Rien ne serait plus opposé au langage musical , que ces longues tirades de nos pièces modernes , et cette abondance de paroles que l'usage et la nécessité de la rime ont introduite sur nos théâtres.

Le sentiment et la passion sont précis dans le choix des termes ; ils emploient toujours l'expres- sion propre , comme la plus éiiergique : dans les instans passionnés, ils la répéîeraient vingt fois ,

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