Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/247

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Thamas à Soliman refusa les tributs,
salaire de la paix que l’on vend aux vaincus.
Il fallut pour arbitre appeler la victoire ;
le prince, jeune, ardent, animé par la gloire,
brigua près du sultan l’honneur de commander :
aux vœux de tout l’empire il me fallut céder.
Eh ! Qui savait, Osman, si la guerre inconstante,
punissant d’un soldat la valeur imprudente,
n’aurait pu ? … vain espoir ! Les persans terrassés,
trois fois dans leurs déserts devant lui dispersés ;
la fille de Thamas aux chaînes réservée,
dans Tauris pris d’assaut par ses mains enlevée :
ces rapides exploits l’ont mis, dès son printemps,
au rang de ces héros, honneur des ottomans…
j’en rends grâces au ciel… oui, c’est sa renommée,
cet amour, ce transport du peuple et de l’armée,
qui d’un maître superbe aigrissant les soupçons,
à ses regards jaloux ont paru des affronts.
Il n’a pu se contraindre ; et son impatience
rappelle, sans détour, le prince dans Byzance :
je m’en applaudissais, quand le sort dans mes mains
fit passer cet écrit propice à mes desseins.
Je voulais au sultan, contre un fils que j’abhorre…
il faut que ce billet soit plus funeste encore ;
le prince est violent et son malheur l’aigrit ;
il est fier, inflexible, il me hait… il suffit.
Je sais l’art de pousser ce superbe courage
à des emportemens qui serviront ma rage ;
son orgueil finira ce que j’ai commencé.


OSMAN.


Hâtez-vous ; qu’à l’instant l’arrêt soit prononcé,