ACTE 2 SCENE 3
LE PRINCE, ZÉANGIR, AZÉMIRE.
Azémire, est-ce vous ? Qui vous ouvre ces lieux ?
Quel miracle remplit le plus cher de mes vœux ?
Puis-je enfin devant vous montrer la violence
d’un amour loin de vous accru dans le silence ?
Comptiez-vous quelquefois, sensible à mes tourmens,
des jours dont ma tendresse a compté les momens ?
J’ose encor m’en flatter ; mais daignez me le dire.
Vous baissez vos regards, et votre cœur soupire !
Je vois… ah ! Pardonnez, ne craignez point ses
yeux ;
qu’il soit le confident, le témoin de nos feux.
Je vous l’ai dit cent fois, c’est un autre
moi-même.
Ce séjour, cet instant m’offrent tout ce que
j’aime ;
mon bonheur est parfait… vous pleurez ? … tu
pâlis ? …
de douleur et d’effroi vos regards sont remplis…
ô tourmens !
Jour affreux !
Quel transport ! Quel langage !
Du sort qui me poursuit est-ce un nouvel outrage ?
Non… c’est moi seul ici qu’opprime son courroux ;
c’est à moi désormais qu’il réserve ses coups.