Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/299

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ACTE 4 SCENE 2


Soliman, Zéangir.


ZÉANGIR.


Souffrez qu’à vos genoux j’adore l’indulgence
qui rend à mes regards votre auguste présence,
et d’un ordre sévère adouçit la rigueur.


SOLIMAN.


Touché de tes vertus, satisfait de ton cœur,
d’un sentiment plus doux je n’ai pu me défendre.
Dans ces premiers momens, j’ai bien voulu
t’entendre :
mais que vas-tu me dire en faveur d’un ingrat
dont ce jour a prouvé le rebelle attentat ?
De ce triste entretien quel fruit peux-tu
prétendre ?
Et de ma complaisance, hélas ! Que dois-je
attendre,
hors la douceur de voir que le ciel aujourd’hui
me laisse au moins en toi plus qu’il ne m’ôte en
lui ?


ZÉANGIR.


Il n’est point prononcé, cet arrêt sanguinaire !
Le prince a pour appui les bontés de son père.
Vous l’aimâtes, seigneur ; je vous ai vu cent fois
entendre avec transport et compter ses exploits,
des splendeurs de l’empire en tirer le présage,
et montrer ce modèle à mon jeune courage.
Depuis plus de huit ans éloigné de ces lieux,
on a de ses vertus détourné trop vos yeux.


SOLIMAN.


Quoi ! Quand toi-même as vu jusqu’où sa violence
a fait de ses adieux éclater l’insolence !