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LA JEUNE INDIENNE,


COMÉDIE.





Scène première.

BELTON, MYLFORD.
Mylford.

À Charlestown, enfin, vous voilà revenu :
L’ami que je pleurais à mes vœux est rendu.
Je vous vois, vous calmez ma juste impatience.
Mais de ce morne accueil que faut-il que je pense ?
J’arrive au moment même. En entrant dans le port,
J’apprends votre retour, j’accours avec transport ;
Je m’attends au bonheur de répandre ma joie
Dans le sein d’un ami que le ciel me renvoie :
Je vous trouve abattu, pénétré de douleur.
Daignez me rassurer, ouvrez-moi votre cœur.
Tout semble vous promettre un destin plus tranquille.
De ces lieux à Boston le trajet est facile ;
D’un père, avant trois jours, vous comblerez les vœux…

Belton.

Ah ! j’ai fait son malheur ! comment puis-je être heureux ?
La jeunesse d’un fils est le vrai bien d’un père.
Je regrette mes jours perdus dans la misère,
Ces jours si prodigués, dont un plus sage emploi
Pouvait me rendre utile à ma famille, à moi.