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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/338

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Betti.

Être riche.Eh ! dis-moi, suis-je riche, Belton ?

Belton.

Toi ? non ; tu n’as pas d’or.

Betti.

Toi ? non ; tu n’as pas d’or.Quoi ! ce métal stérile
Que j’ai vu…

Belton.

Que j’ai vu… Justement.

Betti.

Que j’ai vu… Justement. Il te fut inutile ;
Tu ne t’en servis pas pendant plus de quatre ans.
Mais dans ce pays-ci tu connais bien des gens ;
Ils t’en donneront tous, s’il t’est si nécessaire ;
Ils ne voudront jamais laisser souffrir leur frère.

Belton.

Écoute-moi, Betti, tu n’es plus dans les bois.
Les hommes en ces lieux sont soumis à des lois ;
Le besoin les rapproche et les unit ensemble :
Ces mortels opposés, que l’intérêt rassemble,
Voudraient ne voir admis dans la société
Que ceux dont les travaux en ont bien mérité.

Betti.

Mais… cela me paraît tout à fait raisonnable.

Belton, à part.

(Chaque instant à mes yeux la rend plus estimable.
(Haut.)
Betti… la pauvreté m’inspire un juste effroi.