Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/341

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Belton.

Souvent.

Betti.

Souvent.En laissez-vous aux malhonnêtes gens ?

Belton.

Plus qu’à d’autres.

Betti.

Plus qu’à d’autres.De l’or dans les mains des méchans !
Mais vous n’y pensez point, et cela n’est pas sage :
N’en pourraient-ils pas faire un dangereux usage ?
Vous devez trembler tous, si l’or peut tout oser.
De vous et de vos jours ils peuvent disposer.
La flèche qui, dans l’air, cherchait ta nourriture,
Était, entre mes mains, moins terrible et moins sûre !

Belton.

Chacun, suivant son cœur, s’en sert différemment ;
Des vertus ou du vice il devient l’instrument.
Avec avidité celui-ci le resserre,
L’enfouit en secret, et le rend à la terre…

Betti.

Ah ! fuyons ces gens-là. Tu viens de me parler
D’un pays plus heureux où nous pouvons aller,
Ce pays où les gens veulent qu’on soit utile
À leur société. Si la terre est fertile,
Ils en auront de trop : nous le demanderons ;
Et comme elle est à tous, soudain nous l’obtiendrons.

Belton.

Ils ne donneront rien ; les champs les plus fertiles
Ne suffisent qu’à peine aux habitans des villes…