Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/368

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Scène IV.

ZAYDE, FATMÉ.
Zayde.

Mon mari a quelque dessein, ma chère Fatmé ; il me prépare une fête ; je fais semblant de ne pas m’en apercevoir, comme cela se pratique. Je veux le surprendre aussi, moi. J’entends du bruit… c’est sûrement Kaled avec ses esclaves ; je ne veux pas voir ces malheureux ; cela m’attendrirait trop. Suis-moi, et exécute fidèlement mes ordres.



Scène V.

KALED, DORNAL, AMÉLIE, ANDRÉ, UN ESPAGNOL, UN ITALIEN, enchaînés.
Kaled.

Jamais on ne s’est si fort pressé d’acheter ma marchandise. On voit bien qu’il y a long-temps qu’on n’avait fait d’esclaves ; il fallait qu’on fût en paix : cela était bien malheureux.

Dornal.

Ô désespoir ! la veille d’un mariage ! ma chère Amélie !

Kaled, regardant autour de lui.

Qu’est-ce que c’est ? On dit qu’il y a des pays où l’on ne connaît point l’esclavage… Mauvais pays. Aurais-je fait fortune là ? J’ai déjà fait de bonnes affaires aujourd’hui ; je me suis débarrassé de ce vieil esclave qui tirait de ses poches de vieilles médailles de cuivre, toutes rouillées,