Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE CHAMFORT. 35

MYSTÈRES.

Mystères : terme consacré aux farces pieuses jouées autrefois sur nos tliéâtres ; en voici l'ori- gine.

Il est certain que les pèlerinages introduisirent ces spectacles de dévotion. Ceux qui revenaient de la Terre Sainte , de Sainte-Reine, du Mont-Saint- Micliel , de Notre-Dame-du-Puy , et d'autres lieux semblables, composaient des canticjues siu' leurs voyages , auxquels ils mêlaient le récit de îa vie et de la mort de Jésus-Christ, d'une manière vérita- blement très-grossière , mais que !a simplicité de ces temps-là semblait rendre pathétique. Ils chan- taient les miracles des saints , leur martyre , et certaines fables auxquelles la créance des peuples donnait le nom de visions.

Ces pèlerins, allant par troupes et s'arrétant dans les places publrques, où ils chantaient , le bourdon à la main, le chapeau et le mantelet chargés de coquilles et d'images peintes de diffé- rentes couleurs , faisaient une espèce de spectacle qui plut , et qui excita quelques bourgeois de Pa- ris à former des fonds pour élever un théâtre où l'on représenterait ces moralités les jours de fêtes, autant pour l'instruction du peuple que pour son divertissement. L'Italie en avait déjà montré l'exemple ; on s'empressa de l'imiter.

Ces sortes de spectacles parurent si beaux dans

�� �