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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/63

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DE CHAMbORT. 55

troubles de passions , et des choses qui fassent spectacle. En conséquence, on distribue les scènes de chaque acte , faisant venir pour chacune les personnages qui y sont nécessaires , observant qu'aucun ne s'y montre sans raison , n'y parle que conformément à sa dignité , à son caractère, n'y dise que ce qui est convenable et qui tend à augmenter l'intérêt de l'action.

Les parties du drame étant ainsi esquissées, ses actes bien marqués , ses incidens bien ménagés et enchaînés les uns aux autres , ses scènes bien liées , bien amenées , tous ses caractères bien dessinés , il ne reste plus au poète que les vers à composer. C'est ce que le grand Corneille trouvait de moindre dans une tragédie. Quand l'échafau- dage d'une de ses pièces était dressé , qu'il en avait tracé le plan « : Ma pièce est faite , disait-il ; je » n'ai plus que les vers à faire. »

Aristote donne l'idée d'un plan de drame dans sa poétique , mais tracé seulement en grand et sans descendre dans les détails. Soit que l'on travaille, dit-il , sur un sujet connu , soit que l'on en tente un nouveau , il faut commencer par esquisser la fable et penser ensuite aux épisodes ou circonstances qui doivent l'étendre.

Est-ce une tragédie ? Dites : Une jeune prin- cesse est conduite sur un autel pour y être im- molée ; mais elle disparaît tout-à-coup aux yeux des spectateurs , et elle est transportée dans un pays où la coutume est de sacrifier les étrangers

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