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les faire changer de fortune en sens contraire. Dans la fable uni? et simple, si l'on représente le malheur du méchant, ce malheur n'inspire ni pitié ni terreur ; nous le rei^ardons comme la juste punition de son crime. Si c'est l'homme de bien qu'on nous retrace dans le malheur et la disgrâce, son malheur, à la vérité, nous afflige et nous épouvante , mais comme ce malheur ne change par aucune révohition , il nous attriste , nous décourage , et finit par nous révolter. Il ne j-este donc à la fable simple q;ie le malheur d'un personnage mixte, c'est-à-dire qui ne soit ni tout- à-fait bon , ni tout-à-fait méchant.
Dans les fables à double révolution, il faut éviter de faire entrer deux principaux person- nages de même qualité, car si , de ces deux hom- mes également bons ou mauvais, ou mêlés de vices et de vertus, l'un devient heureux et l'au- tre malheureux , fimpression de deux événemens opposés se contrarie et se détruit. On ne sait plus si l'on doit s'affliger ou se réjouir^ ni ce qu'on doit craindre ou espérer.
11 faut éviter aussi tl'y faire périr Thomme de bien et prospérer le méchant ; mais il faut obser- ver la règle contraire, c'esfc-à-dire, que le m-échant tombe dans l'infortune, et que le juste, le ver- tueux, pour qui on s'intéresse, passe du malheur à la prospérité. C'est ainsi que la vertueuse Iphi- génie, qu'on tremble de voir immolée selon l'o- racle de Calchas, se trouve sauvée; et Ériphile sa
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