Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/14

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TO OEUVRES

quelques-unes des plus agréables. J'ai osé arra- cher le très-petit nombre de celles qui me parais- saient pouvoir blesser la vue.

Esther sera toujours un monument mémorable de la force du génie. Douze ans d'inertie devaient sans doute faire croire que l'auteur Ôl ^ ndromaque aurait oublié ces accords magiques dont il avait su enchanter jadis. Mais il eut à peine repris la lyre , que les sons les plus doux s'empressèrent de renaître sous ses doigts. Tel fut pour moi le pres- tige de la main savante de Racine , que j'avais lu vingt fois Esther^ avant de m'apèrcevoir de l'o- dieux de certaines parties de son rôle; elle m'avait intéressé à ses malheurs , à sa séparation d'avec Elise, à sa nation persécutée; je l'admirai sur tout , je tremblai pour elle , lorsqu'excitéo par les discours de IMardochée, elle se décide à braver la mort en allant trouver Assuérus. Qui ne frémirait au moment où ce roi prononce d'un air farouche :

. . . Siins mon ordre on porte ici ses pas I Quel mortel insolent vient chercher le trépas? Gardes... C'est vous, Esther? quoi! sans .être attendue ?

Esther tombe entre les bras de ses femmes :

Mes filles , soutenez votre reine éperdue. Je nie meurs.....

( hiol sprclacle ! niais Assuérus répond aussitôt :

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