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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/169

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DE CHAMFORT. l65

Gaspard ayant de la bourgeoise garde Été sergent , en certain coin Conservait avec soin Sa vieille épée avec sa hallebarde ; El quand il se trouvait les soirs de bonne humeur, A sa femme il racontait comme , En telle année, il avait eu l'honneur De garder le logis de tel ou tel seigneur ; Que dans son temps il était très-bel homme , Mais qu'il paraissait bien plus beau, Quand il avait cocarde à son chapeau. Dans la ville , par aventure Rfvieiit un jeune jouvenceau. Leste, bien fait, et d'aimable figure, L'œil tendre , et pourtant un peu fier ; Bref , il était d'une tournure A réchauffer les cœurs, même au sein de l'hiver : De plus il était militaire. Il vit Gertrude , et bientôt les désirs Vont leur train ; et suivant la coutume ordinaire. Par tendres regards , doux soupirs ;, Il fait ses efforts pour lui plaire ; Il fait plus : certain soir, il la trouve à l'écart ; Il dit que , par l'amour percé de part en part , Il va mourir, si la belle ne cède , Et ne lui donne un doux et prompt remède. Avec courroux la belle entend son cas; En vain lui plaît le personnage; Vertu de feirime aime à faire fracas ; Et puis déjà j'ai dit qu'elle était sage : «Allez, monsieur , n'espérez pas Qu'à mon mari je fasse un tel outrage ; V. II

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