Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/172

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Sans s'exposer à paraître infidèle. Elle ne peut , dans cette extrémité , Qu'espérer en la providence Qui, mieux que l'humaine prudence. Peut nous tirer de la calamité. Le jouvenceau que le désir embrase, Trouvant que le plais-ir vaut bien mieux qu'une phrase , Veut san? délai lui prouver son ardeur. Elle résiste autant que le veut la pudeur ; Et pviis enfin... enfin elle s'arrange. L'amant alors tire de ses goussets A deux coups deux bons pi.stolets , En lui disant: « Voilà, mon ange, De quoi punir les indiscrets , S'ils apportaient obstacle à nos plaisirs secrets. » Notre époux <^ent alors que le front lui démange ;

Mais par respect pour les armes à feu , En enrageant il voit jusqu'au bout tout le jeu ,

Tremblant et respirant à peine , De peur qu'on n'entendît le bruit de son haleine. L'amant, comblé des plaisirs les plus doux,

De Gcrtruflc louant les charmes , L'ombrasse, et sort en reprenant ses armes. Ga^].ard lâchant alors la bride à son couroux , Apostrophe Gertrude, et lui dit : «Osez-vous, Après un tel forfait , lever sur moi la vue ?

— A tort vous des mécontent , Que ne l'cmpêchiez-vous , dit Gerirudc à l'inslant , Au lieu de rester ^à froid comme une statue ?

— Voyant les pistolets, pouvais-je me montrer ?

— Armé de pied en cap , quand la peur vous entrave , Simple femme , comment pouvais-je être plus brave ?

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