in6 OEUVRES
Demeure, Annette , ou l>ien je vais mourir.
— Mourir ! quel mol , cria la jeune amante !
Quel mot affreux à côté du plaisir !
Et quelle image , hélas! il me présente !
Quand on est mort, sais-tu bien comme on est?
Dans cet étal j'ai vu ma pauvre mère ;
J'étais bien jeune alors , mais le portrait
De mon esprit ne s'effacera guère.
Sans mouvement et ne respirant plus ,
On a les pit-ds et les bras étendus ,
D'un voile épais la paupière couverte,
Les yi ux éteints et 1 1 bouche entr'ouverte.»
A ce poi trait bien fait pour l'alarmer,
Le jeune amant s'étonne , s'inquiète :
« S'il est ainsi , dit-il , ma chère Annette ,
ÎSe mourons pas, vivons pour nous aimer. »
Déjà leurs cœurs qu'avait glacés la crainte,
Sont ranimés par les brûlans désirs.
Triste raison , mère de la contrainte,
îs'approche pas de cette aim;ib!e enceinte ;
Et toi, nature, appelle les plaisirs :
Mais je les vois et la fOle commence.
Des deux côtés d'abord mêmes soupirs ,
Mêmes sermens d'élcrnelb; constance.
Aux doux propos succède le silence ;
Mille baisers échauffés par l'amour ,
Sont pris , rendus et repris tour-à-tour ;
Vers le bonheur ainsi Jauot s'avance.
Les vents légers, complices de ses feux ,
Ont dévoilé tous les charmes d Annette ;
L'un en jouant fait flotter ses cheveux ,
Laulrc s'envole avec sa colerelte ;
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