Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/189

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DF, CHAMFORT. I 8 ")

Sur son front la jonquille attestait ses ennuis. Heureusement pour notre prisonnière , Une pensionnaire Qu'embellissent déjà deux lustres et trois ans , Doit attendre , au moutier, que deux ou trois print einps • Caressant ses attraits de leur aile fleurie ,

Peignent en incarnat Certain petit bouton encor trop délicat^ L'entrouTcnt au désir, à l'amour, à la vie.

L'hymen le guette, armé de son contrai. Cependant à ce dieu on taillait de l'ouvrage ; Car, comptant chaque jour dix larcins par ses doigts, La nonne lui soufflait les trois quarts de ses droits. Souffler n'est pas jouer , va s'écrier un sage. Ne nous amusons pas à ces distinctions ; Trop heureux le mortel qui vit d'illusions !

Enfin un réel mariage Vient livrer la nonnette aux ennuis du veuvage. Elle pleure , gémit ; Se mort les doigts , enrage ; Et puis eu fille sage , Elle prend à l'écart son Élise et lui dit : « Ah! du moins, jurez-moi de m'envoyer 1 image Du trait toujours vainqueur,

Qui doit Son front se couvre de rougeur...

Sa langue s'embarrasse — Admirons tous la nonne ;

Elle n'ose nommer le séduisant bijou, Dont en grâce , jadis , toute honnête matronne Ornait publiquement l'albâtre de son cou ; Mais on l'a devinée, et son trouble s'appaise. De l'emplette, à Paris, ou charge une Marton. Le marchand dit: «Ce bijou, le veut-on A l'espagnole, ou bien à la française ?

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