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mes amis. Alors, je suis libre; alors, je m'appar- tiens ; alors , le reste de ma vie est à moi, sans que l'hydre à mille tètes puisse m'en ravir la moindre portion. Delà l'incurie, la santé et l'aisance, dans un pays où les écus de trois livres valent six francs , et où l'on n'a que les besoins de la nature au lieu de ceux de la vanité et de l'opinion. Jugez , mon ami, si, avec de pareilles idées, je n'ai pas dû trouver plaisante la phrase de votre lettre , où vous me dites de vous donner quelques paejes au lieu de livrer à l'impression. L'imj^'ession ! si vous saviez des gens de lettres le quart de ce que j'en sais et que j'en ai vu, vous ne me soupçonne- riez pas de songer à elle. J'en ai une si grande aversion , que je n'ai de repos que depuis le mo- ment où j'ai imaginé un moyen sûr de lui échap- per , et de faire en sorte que ce que j'écris existe, sans qu'il soit possible d'en faire usage , méiiie en me dérobant tous mes papiers. Le moyen que j'ai inventé, m'en rend maître absolu jusqu'au monu- ment et même par-delà; car je n'ai qu'à me taire : et ce que j'aurai écrit sera mort avec moi. Vous voyez, par ce fait, la profonde impression de haine et de mépris que j'ai pour les lettres, considérées comme métier et comme état dans le monde. Eh bien ! je les aime plus que jamais connue culture de l'âme ; et elles me prennent presque tous mes jTiomens , depuis (pi(î j'ai retrouvé mes facultés, après la perte irréparable (pie j'ai laite Tété der- nier : tant il est vrai qur la natui-e vA l'iiabitude.'
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