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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/307

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DE CHAMFORT. So f

favorisé de si mauvaises mesures ? Je vous sup- plie, au nom de ma tendre amitié, de ne r>ns prendre à ceté:^ard une couleur trop marquante. Je connais le fond de votre âme ; mais je sais comme on s'y prendra pour \ous faire pencher du côté anti-populaire. Sonffrez que j'en appelle à la noble portion de cette âme que j'aime, à Totre sensibilité , à votre humanité i^énéreuse. Est-il plus noble d'appartenir à une association d hommes , quelque respectable qu'elle puisse être, qu'à une nation entière, si long-temps avi- lie, et qui , en s'élevant à la iiberlé, coisacrera les noms de ceux qui auront fail des vœux pour elle, mais peut se montrer sévère, même irijuste, envers les noms de ceux qiii bu auront été défa- vorables ? Je vous parle du fond de ma cellule, comme je le ferais du tombeau , comme l'ami le plus tendrement dévoué , qui n'a jamais aimé en vous que vous même , étrani^er à la crainte et à l'espérance, indifférent à toutes les distinctions qui séparent les hommes , parce que leur coup d'œil n'est plus rien pour lui. J'ai cru remplir le plus noble devoir de l'amitié, en vous parlant avec cette franchise ; puissiez-vous la prendre pour ce qu'elle est, c'est-à-dire, pour l'expression et la preuve du sentiment qui m'attache à tout ce que vous avez d'aimable et d'honnête , et à des vertus qne je voudrais voir apprécier par d'autres, autant qu'elles le sont par moi-même.

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