Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/365

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DE CliÀMFORT. 36,5

les cœurs superstitieux en amour se laissent tyran- niser long-temps ; mais un moment vient où ils brisent le joug : et c'est alors l'affaire d'un mo- ment et d'un mot. Au reste , ce qu'on doit en ami- tié , c'est surtout la vérité ; et voilà pourquoi je vous répète que j'ai été hier, beaucoup plus qu'un autre jour , réduit à conjecturer. Je ne crois pas qu'on puisse m'écliapper long-temps ; et j 'at- tends avec impatience la lettre de notre ami , comme une épreuve sérieuse. Alors, comme au- jourd'hui , il peut compter sur la vérité sans ré- ticence. Je l'estime trop pour lui tâter ie pouls. Qu'il compte sur mon zèle à vous suppléer , et qu^il n'ait pas d'inquiétude sur la foule de détails que je ne puis pas écrire. Je n'en ai pas négligé un seul ; et l'on sait , par exemple , très-bien que l'Auvergnat se : croit guéri et qu'il ne l'est pas ; qu'il s'est félicité de son voyage, et qu'il en souf- fre ; qu'un signe prolongera ou abrégera ce voyage ; qu'en un mot, il est vaincu , mais non pas subjugué.

Ne vous attendez pas que je vous donne de grandes nouvelles de ce pays, où vous avez à coup sûr de meilleurs correspondans que moi. Voici cependant un lazzi que je vous fais passer, parce que je le tiens de la première main. Un grand abbé que vous connaissez peut-être , frère de Sabathier de Castres , que vous connaissez sûrement , était avant-hier aux Variétés amusantes , devant un très-petit homme , qui lui a fait la prière usitée

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