DE CIIAMFORT. 53
belle l'image qui termine le morceau , et combien est hardie l'expression de boiro la joie à pleine coupe.
Voyons encore Rousseau , avec son énergie et son feu ordinaires, exprimant les mêmes images :
Telte mer d'abondance où leur ûme se noie , Ne craint ni les écueils , ni les vents rigoureux : Ils ne partagent point nos fléaux douloureux ; Ils marchent sur les fleurs , ils nagent dans la joie ; Le sort n'ose ch;mger pour eus.
On voit tout de suite , comme dans le premier exemple , l'imaginaiton créatrice et le pinceau du grand maître; et l'on aime, après avoir admiré les vers de Racine cités plus haut, à payer un juste tribut d'éloge à ceux-ci :
Cette mer d'abondance où lem- âme se noie,
qui est ujagnifique, ainsi que le dernier, Le sort n'ose changer pour eux.
Le soj-t qui nose changer., est de la plus grande force.
Pourquoi si peu de poètes ont-ils été doués de cette sensibilité profonde , si nécessaire à celui qui veul traiter tour à tour les douceurs et les eni-
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