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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/67

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DF. CHAMFORT. 6'^

vrages , qu'il se soit laissé éblouir parle brillant d'une figure ; et s'il en emploie quelqu'une , c'est qu'elle est dans la nature de la situation ; et loin d'être un défaut , elle ne peut alors être qu'une beauté. L'antithèse , par exemple , dans ce vers d'Assuérus, n'a rien assurément qui puisse cho- quer. Il dit à jMardochée :

Je te donne cl'xVman les biens et la puissance: Possède justement son injuste opulence.

L'éclat de l'antithèse n'est point ici un faux éclat, parce qu'elle sert à nous développer mieux ce que veut dire Assiiérus. Au lieu donc d'être un jeu d'esprit , les deux mots qui sont mis en oppo- sition , deviennent comme la mesure l'un de l'au- tre , et nous donnent par-là celle delà justesse et tie la latitude de l'idée. C'est aussi ce qui fait la beauté de cette figure , dans ces vers de Rous- seau :

Et les soins mortels de ma vie , De l'immortalité seront récompensés.

et ces autres vers si fameux :

Le temps, cette image mobile De l'immobile éternité.

Dans tous ces exemples, l'antithèse ajoute à la pensée , ou plutôt n'est que la pensée même. Re- marquons cyu injuste opulence , dans Racine , est

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