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et anecdotes.
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disait : je voudrais bien qu’on ne le sût pas d’avance, mais je crains bien de le dire à tout le monde.

Made. Beauzée couchait avec un maître de langue Allemande. M. Beauzée les surprit au retour de l’Académie. L’Allemand dit à la femme : quand je vous disais qu’il était tems que je m’en aille. M. Beauzée, toujours puriste, lui dit : que je m’en allasse, Monsieur.

M. Dubreuil pendant la maladie dont il mourut, disait à son ami M. Pechméja : mon ami, pourquoi tout ce monde dans ma chambre ? Il ne devrait y avoir que toi ; ma maladie est contagieuse[1].

On demandait à Pechméja quelle était sa fortune ? 1500 liv. de rente. — C’est bien peu. — Oh ! reprit Pechméja, Dubreuil est riche.

Made. la Ctesse. de Tessé disait après la mort de M. Dubreuil : il était trop inflexible, trop inabordable aux présens & j’avais un accès de fièvre toutes les fois que je songeais à lui en faire. Et moi aussi, lui répondit Made. de Champagne qui avait placé 36,000 liv. sur sa tête : voilà pourquoi j’ai mieux aimé me donner tout de suite une bonne maladie que d’avoir tous ces petits accès de fièvre dont vous parlez.

  1. Malade en 1776, Jean de Pechméja fit venir son camarade de collège, Jean-Baptiste-Léon Dubreuil, docteur en médecine de Montpellier. Celui-ci le guérit, ce qui lui valut d’être nommé médecin du roi et des hôpitaux. Dès lors tous deux vécurent dans le même logement. Dubreuil mourut le 17 avril 1785, faisant de Pechméja son légataire universel. Pechméja mourut le 8 mai suivant après avoir rendu le legs reçu à la famille Dubreuil (cf. Ladvocat. Dictionnaire historiographique et bibliographique, tome iv. Paris, Étienne Ledoux, 1822, p. 134). (Note wiki)