CHAPITRE II.
EN France, tout le monde paraît avoir de l’esprit, & la raison en est simple. Comme tout y est une suite de contradictions, la plus légère attention possible suffit pour les faire remarquer & rapprocher deux choses contradictoires. Cela fait des contrastes tout naturels, qui donnent à celui qui s’en avise l’air d’un homme qui a beaucoup d’esprit. Raconter, c’est faire des grotesques. Un simple nouvelliste devient un bon plaisant, comme l’historien un jour aura l’air d’un auteur satirique.
Le Public ne croit point à la pureté de certaines vertus & de certains sentimens ; &, en général, le Public ne peut guère s’élever qu’à des idées basses.
Il n’y a pas d’homme qui puisse être, à lui tout seul, aussi méprisable qu’un corps. Il n’y a point de corps qui puisse être aussi méprisable que le Public.