Les Moralistes, ainsi que les Philosophes qui ont fait des systèmes en Physique et en Métaphysique, ont trop généralisé, ont trop multiplié les Maximes. Que devient, par exemple, le mot de Tatice : Neque mulier, amissa pudicitia, alia abnerit, après l’exemple de tant de femmes qu’une faiblesse n’a pas empêchées de pratiquer plusieurs vertus ? J’ai vu madame de L…, après une jeunesse peu différente de celle de Manon Lescaut, avoir, dans l’âge mûr, une passion digne d’Héloïse. Mais ces exemples sont d’une morale dangereuse à établir dans les livres. Il faut seulement les observer, afin de n’être pas dupe de la charlatanerie des moralistes.
On a, dans le monde, ôté des mauvaises mœurs tout ce qui choque le bon goût ; c’est une réforme qui date des dix dernières années.
L’âme, lorsqu’elle est malade, fait précisément comme le corps ; elle se tourmente et s’agite en tout sens, mais finit par trouver un peu de calme. Elle s’arrête enfin sur le genre de sentimens et d’idées le plus nécessaire à son repos.