Qu’importe qu’il y ait sur le trône un Tibère ou un Titus, s’il a des Séjan pour ministres ?
Si un historien, tel que Tacite, eût écrit l’histoire de nos meilleurs rois, en faisant un relevé exact de tous les actes tyranniques, de tous les abus d’autorité dont la plupart sont ensevelis dans l’obscurité la plus profonde, il y a peu de règnes qui ne nous inspirassent la même horreur que celui de Tibère.
On peut dire qu’il n’y eut plus de gouvernement civil à Rome, après la mort de Tiberius Gracchus ; et Scipion Nasica, en partant du Sénat pour employer la violence contre le Tribun, apprit aux Romains que la force seule donnerait des lois dans le Forum. Ce fut lui qui avait révélé avant Sylla ce mystère funeste.
Ce qui fait l’intérêt secret qui attache si fort à la lecture de Tacite, c’est le contraste continuel et toujours nouveau de l’ancienne liberté républicaine, avec les vils esclaves que peint l’auteur. C’est la comparaison des anciens Scaurus, Scipion, etc.,