l’on vante, l’excessive corruption des mœurs, les vices hideux ou ridicules, et les travers de toute espèce qu’il prenait un plaisir malin à caractériser et à peindre.
Je fis donc, en suivant cette division établie par lui-même, un premier triage. La première partie se trouva très abondante, et me parut susceptible d’être subdivisée par chapitres. La partie des Caractères était la plus faible, soit qu’il se fût moins exercé dans ce genre, soit qu’elle soit plus riche dans les très nombreux papiers que je n’ai pas. Je la réunis à celle des Anecdotes, et ayant ainsi divisé le tout seulement en deux parties, je réduisis, par un examen sévère, à un seul volume, ce qui, si j’avais tout employé, en pouvait fournir plus de deux.
J’ai éprouvé dans tout ce travail, aussi fastidieux que pénible, que l’amitié donne plus de patience que l’amour-propre, et que l’on peut prendre, pour la mémoire d’un ami, des soins qu’il paraîtrait insupportable de prendre pour soi-même.
Je me serais fort trompé dans mon jugement, si ce volume, et surtout si la partie des Maximes et Pensées, n’ajoute beaucoup à la réputation de Chamfort, assez connu comme Écrivain et