Page:Chamfort - Maximes et pensées éd. Bever.djvu/55

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humain, de la société, de la morale, et qui se trouvent développées ou supposées dans les écrits les plus célèbres, dans les auteurs les plus consacrés ; les idées qui propagent la superstition religieuse, les mauvaises maximes politiques, le despotisme, la vanité de rang, les préjugés populaires de toute espèce. On verrait que presque tous les livres sont des corrupteurs, que les meilleurs font presque autant de mal que de bien.

IV

On ne cesse d’écrire sur l’Éducation, et les ouvrages écrits sur cette matière ont produit quelques idées heureuses, quelques méthodes utiles, ont fait, en un mot, quelque bien partiel. Mais quelle peut être, en grand, l’utilité de ces écrits, tant qu’on ne fera pas marcher de front les réformes relatives à la législation, à la religion, à l’opinion publique ? L’Éducation n’ayant d’autre objet que de conformer la raison de l’enfance à la raison publique relativement à ces trois objets, quelle instruction donner, tant que ces trois objets se combattent ? En formant la raison de l’enfance, que faites-vous que de la préparer à voir plutôt l’absurdité des opinions et des mœurs consacrées