informé de moi et avait laissé un paquet à mon adresse. — Ce paquet contenait le manuscrit autographe de la merveilleuse histoire de Pierre Schlémihl.
J’ai mal usé de la confiance de mon malheureux ami. J’ai laissé voir le manuscrit que j’aurais dû tenir caché, et Fouqué a commis l’indiscrétion de le faire imprimer. Je n’ai pu dès lors qu’en soigner les éditions. J’ai porté la peine de ma faute ; on m’a associé à la honte de Schlémihl, que j’avais contribué à divulguer. Cependant, j’ai vieilli depuis lors, et, retiré du monde, le respect humain n’a plus d’empire sur moi. J’avoue aujourd’hui sans hésiter l’amitié que j’ai eue pour Pierre Schlémihl.
Cette histoire est tombée entre les mains de gens réfléchis, qui, accoutumés à ne lire que pour leur instruction, se sont inquiétés de savoir ce que c’était que l’ombre. Plusieurs ont fait à ce sujet des hypothèses fort curieuses ; d’autres, me faisant l’honneur de me supposer plus instruit que je ne l’étais, se sont adressés à moi pour en obtenir la solution de leurs doutes. Les questions dont j’ai été assiégé m’ont fait rougir de mon ignorance, Elles m’ont déterminé à comprendre dans le cercle de mes études un objet qui,