Page:Champion - J.-J. Rousseau et la Révolution française, 1909.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
ROUSSEAU ET LA RÉVOLUTION

souvent embarrassait son confesseur. « Je suis bonne catholique, lui disait-elle, je veux toujours l’être, j’adopte de toute la puissance de mon âme les décisions de la Sainte Mère Église. Je ne suis pas maîtresse de ma foi, mais je le suis de ma volonté. Je la soumets sans réserve et je veux tout croire. » A certaines heures, Rousseau dut tenir à peu près le même langage.

Son retour au protestantisme fut inspiré, non par un sentiment religieux, mais par des considérations purement politiques. Rentrant à Genève en 1754, ressaisi par l’enthousiasme républicain et le zèle du patriotisme, il eut honte d’être exclu de ses droits de citoyen par la profession d’un autre culte que celui de ses pères. Il considéra « qu’il appartenait en chaque pays au seul souverain de fixer et le culte et le dogme… qu’il était du devoir de chaque citoyen d’admettre le dogme et de suivre le culte prescrit par la loi ». Il redevint protestant parce qu’il voulait être citoyen[1]. Il ajoute que les encyclopédistes, loin d’ébranler sa foi, l’avaient affermie ; toujours est-il que, de son propre aveu, cette foi ne fut pour rien dans sa décision.

Mme  d’Epinay a raconté qu’au cours d’un souper chez Mlle  Quinault, Duclos et Saint-Lambert ayant

  1. Confessions, XVI, 203.