Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 1, 1870.djvu/21

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bon traitement qu’ils avaient reçu en France, et qu’ils s’assurassent que sa dite Majesté leur voulait du bien, et désirait peupler leur terre, et faire paix avec leurs ennemis, qui sont les Iroquois, ou leur envoyer des forces pour les vaincre. Il fut entendu avec un silence si grand qu’il ne se peut dire de plus. »

Jusqu’ici, on pourrait croire que l’orateur n’agit que comme simple particulier, et que ce silence profond n’est que l’effet d’une curiosité toute naturelle. Mais, que l’on pèse bien toutes les circonstances du récit de Champlain, et l’on y verra autre chose que des discours de bienvenue.

« La harangue achevée, le grand sagamo, l’ayant attentivement ouï, commença à prendre du petun, et en donner à Pont-Gravé et à Champlain, et à quelques autres sagamos qui étaient auprès de lui. Ayant bien petuné, il fit sa harangue à tous, » dans laquelle il insista sur les grands avantages que leur apporteraient l’amitié et la protection du grand chef des Français. Tout se termina par un grand festin, ou tabagie, et des danses solennelles.

Ces harangues prononcées devant une assemblée de mille personnes[1] ; cette cérémonie surtout de la présentation du calumet, suivant la coutume des sauvages, sont des preuves évidentes, que l’on entendait, de part et d’autre, s’engager à une alliance offensive et défensive que l’on regardait comme les préliminaires indispensables d’une tentative d’établissement comme le voulait faire le commandeur de Chaste.

Pont-Gravé et Champlain, avec quelques mate-

  1. Édit. 1603, p. 10.