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préférable au port Royal, où dès lors il résolut de transporter son habitation (1605). L’année suivante, Champlain recommença le même voyage avec M. de Poutrincourt, qui trouvait peut-être M. de Monts trop difficile, et qui voulait du reste pousser les découvertes encore plus loin. Cette fois, nos voyageurs doublèrent le cap de Malbarre, et s’en revinrent sans être guère plus avancés.

L’hiver passé à Port-Royal fut beaucoup moins pénible, grâce aux précautions que l’on prit, et au bon ordre qui régna constamment dans l’habitation. « Nous passâmes, dit Champlain, cet hiver fort joyeusement, et fîmes bonne chère, par le moyen de l’ordre de Bon-Temps que j’y établis, que chacun trouva utile pour la santé, et plus profitable que toutes les médecines dont on eût pu user. » Cet ordre consistait à faire passer à tour de rôle par la charge de maître-d’hôtel tous ceux de la table de M. de Poutrincourt ; ce qui ne manqua pas de créer une espèce d’émulation, à qui ferait à la compagnie le meilleur traitement.

Malheureusement pour M. de Monts, les affaires n’allaient pas si bien de l’autre côté de l’Océan. Son privilège lui avait suscité un orage auquel il était moralement impossible de résister. Les Bretons et les Basques se répandirent en plaintes amères, prétendant qu’on allait ruiner le commerce et la navigation, amoindrir le revenu des douanes du royaume, et réduire à la mendicité un grand nombre de familles qui n’avaient point d’autre moyen de subsistance. « Le sieur de Monts ne sut si bien faire, que la volonté du roi ne fût détournée par