Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 1, 1870.djvu/31

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tite armée remonta la rivière des Iroquois (ou de Sorel), et s’avança avec précaution jusqu’à une assez grande distance dans le lac qui depuis a toujours porté le nom de Champlain.

Le soir du 29 juillet, sur les dix heures, on rencontra l’ennemi. Les Iroquois mirent à terre, et se barricadèrent de leur mieux ; les alliés rangèrent leurs canots attachés les uns contre les autres, et gardèrent l’eau, à portée d’une flèche, jusqu’au lendemain matin. « La nuit se passa en danses et chansons, avec une infinité d’injures de part et d’autre. » Le jour venu, on prit terre, en cachant toujours soigneusement les français, pour ménager une surprise. Les Iroquois, au nombre de deux cents hommes forts et robustes, s’avancèrent avec assurance, au petit pas, trois des principaux chefs à leur tête. Les alliés, de leur côté, marchaient pareillement en bon ordre ; ils comptaient avant tout sur l’effet foudroyant des armes à feu, dont les Iroquois n’avaient encore aucune idée. Champlain « leur promit de faire ce qui serait en sa puissance, et de

    commerce de cette sorte de marchandise, Champlain n’ait pas craint de répandre le sang des sauvages. » Puis, au lieu de résumer impartialement ces deux expéditions, il n’en cite isolément que juste deux passages, qui, séparés du contexte, sont de nature à laisser croire au lecteur, que Champlain était allé à la guerre autant pour le plaisir cruel de répandre le sang, que pour remplir un devoir envers les nations alliées. — Nous avons relevé en son lieu (Édit. 1632, première partie, p. 239) l’injuste appréciation que cet auteur fait du passage dont il s’appuie. Qu’il nous suffise ici de faire une comparaison qui, suivant nous, ne manque pas de justesse. Le commandant de la Canadienne est chargé de croiser dans le golfe tout l’été pour y protéger nos pêcheries ; s’il attaque un vaisseau pris en flagrant délit, ou méprisant son droit et son autorité, dira-t-on qu’il est prêt à verser le sang américain pour l’appât de quelques morues ? Il est une chose, au reste, qu’on ne devrait pas oublier, quand il s’agit des premières tentatives d’établissement en Amérique : c’est que le commerce de la pêche et de la traite des pelleteries était alors le seul moyen de soutenir de pareilles entreprises. La France, à cette époque, ne s’occupait guère plus du Canada, que le Canada lui-même ne se préoccupe aujourd’hui de fonder une colonie à la baie d’Hudson ; et, si l’on accorda des commissions à M. Chauvin, à M. de Chaste, à M. de Monts, c’est uniquement parce qu’ils le demandèrent.