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le seul intérêt de la littérature biblique. Saumaise, le premier, montra l’avantage que la philologie pouvait retirer des notions renfermées dans les textes coptes, en expliquant par leur moyen un bon nombre d’anciens mots égyptiens rappelés dans les écrivains grecs. Plus tard, les travaux de Wilkins et de Lacroze ayant facilité la connaissance de la langue copte, l’archéologie, détournée des études égyptiennes par d’inutiles tentatives, et surtout par les extravagants abus que l’on s’était permis, y fut enfin ramenée par l’espoir assez fondé, en apparence, d’expliquer le système religieux de l’ancienne Égypte, et par suite les monuments de son culte, en réunissant et en classant les passages épars dans les auteurs grecs et latins, concernant les attributions des divinités égyptiennes, et en interprétant les noms mêmes de ces divinités à l’aide des vocabulaires coptes. Ce fut là le véritable but que se proposa Paul-Ernest Jablonsky, lorsqu’il entreprit l’ouvrage intitulé : Pantheon Ægyptiorum, sive de Diis eorum commentarius.

Toutefois, ce savant, doué d’une vaste érudition, n’avait point pesé toutes les difficultés de son entreprise. Il était fort présumable, en effet, que les écrivains grecs et latins, ne parlant que par occasion de la croyance et du culte des Égyptiens, devaient seulement donner des notions partielles, locales, et nécessairement incomplètes, du système religieux de cet ancien peuple ; et quant à l’interprétation des noms égyptiens de divinités par la langue copte, pouvait-on se flatter déjà que le petit nombre de textes coptes dépouillés par Jablonsky ou par son maître Wayssiere-Lacroze, renfermât tous les mots radicaux dont se composaient les noms des dieux et des déesses de l’Égypte ? Était-il enfin démontré que les Grecs et les Latins, en transcrivant ces noms ne les avaient aucunement altérés ? Tout prouve, au contraire, que l’analyse étymologique de ces noms de divinités ne saurait être raisonnablement tentée, qu’à la condition préalable de connaître l’orthographe égyptienne de ces mêmes noms : or, cette connaissance si nécessaire pouvait résulter de la lecture seule des inscriptions égyptiennes. Ces textes restaient encore muets à l’époque où écrivait Jablonsky ; aussi sommes-nous obligés de le dire, les éléments phonétiques formant les noms propres originaux des divinités égyptiennes dans les textes hiéroglyphiques, n’ont rien de commun avec l’orthographe que leur attribuait Jablonsky, et ne se prêtent nullement à ses interprétations.

La dernière moitié du xviiie siècle vit se renouveler quelques tentatives du même genre, et tout aussi infructueuses pour l’explication raisonnée des monuments figurés de l’Égypte, qui, de temps à autre, ar-