Page:Champollion - Grammaire égyptienne, 1836.djvu/32

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stence de quelques caractères symboliques mentionnés par les auteurs grecs, mais ne traitèrent que d’une manière générale les questions relatives à la nature et aux combinaisons des signes élémentaires ; ils s’élevèrent contre l’erreur, alors assez commune, de confondre sous une même dénomination les figures mises en scène dans les bas-reliefs avec les véritables hiéroglyphes qui les accompagnent. La Description de l’Égypte offrit enfin à l’étude des savants d’excellents fac-simile de manuscrits égyptiens, soit hiéroglyphiques, soit hiératiques, et donna, toujours trop tard sans doute, pour l’avancement des études paléographiques, une copie des deux textes égyptiens du monument de Rosette, beaucoup plus exacte sans contredit que celle qu’avait déjà publiée la Société royale de Londres. Examiné dans l’intérêt réel de la progression des connaissances historiques, ce grand ouvrage donna la certitude que les notions les plus précieuses étaient cachées dans les inscriptions hiéroglyphiques, ornements obligés de tous les édifices égyptiens ; mais certaines déductions tirées avant le temps de l’examen des tableaux astronomiques sculptés au plafond de plusieurs temples, propagèrent de bien graves erreurs sur l’antiquité relative des monuments. On considéra comme les plus anciens, en les attribuant aux époques primordiales, des temples que des faits positifs nous forcent d’attribuer aux époques les plus récentes ; on supposa même en quelque sorte que tout monument de style égyptien, décoré d’inscriptions hiéroglyphiques, était par cela même antérieur à la conquête de l’Égypte par Cambyse : comme si l’Égypte, qui, sous la domination gréco-romaine, et antérieurement sous le joug même des Perses, conserva la plupart de ses institutions politiques, renonçant tout à coup à sa religion, à ses propres écritures, avait cessé pendant plus de huit siècles de pratiquer les arts indispensables à son existence physique et à tous ses besoins moraux.

En vain les voyageurs anglais, excités plus peut-être par un esprit de rivalité nationale que par l’intérêt bien entendu de la science, ont voulu rabaisser l’importance des travaux exécutés par la Commission française ; son ouvrage restera toujours comme un digne monument de notre glorieuse expédition d’Égypte, et les utiles recherches du docteur Young assureront à l’Angleterre, bien mieux que toutes ces critiques exagérées, une noble part à l’avancement des études égyptiennes.

Ce savant apporta dans l’examen comparatif des trois textes du monument de Rosette, un esprit de méthode éminemment exercé aux plus hautes spéculations des sciences physiques et mathématiques. Il reconnut par une comparaison toute matérielle, dans les portions encore